French.news.cn | 2024-03-15 à 07:03
https://french.news.cn/20240315/eaabc31995f84601b1c3c2e119898b60/c.html
PARIS, 14 mars (Xinhua) — L’année 2024 est marquée par le 60ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France et l’Année franco-chinoise du tourisme culturel, ce qui donne lieu à de nombreuses manifestations culturelles. Dans ce contexte, un défilé de mode inspiré de l’art bouddhique des grottes chinoises de Dunhuang, organisé par l’Institut de technologie de la mode de Beijing, se tenait le 13 mars au Musée national des arts asiatiques Guimet à Paris.

Dans la grande salle khmère du musée Guimet, au pied de la monumentale tour à visages devenue emblématique du lieu, un quatuor de musiciennes en costume traditionnel fait résonner pipa, luth et flûte chinois. Le ton est donné. Ici, pas de mode d’avant-garde ni de rythmes saccadés, mais un voyage dans le temps, ou plutôt un « voyage hors du temps », comme le suggère le titre de cette soirée.

L’idée de la soirée est de « traverser 1.000 ans et 10.000 kilomètres » et de créer une « rencontre hors du temps, » a expliqué Zhang Zhu, une des commissaires de l’événement.

« C’est un dialogue entre nous et nos ancêtres, entre les civilisations chinoise et occidentale, mais aussi un dialogue entre les trésors de Dunhuang conservés en Chine et à l’étranger, » a noté Cui Yan, directrice exécutive et chercheuse associée du Centre de recherche et de conception d’innovation sur la culture des costumes de Dunhuang, une institution académique lancée conjointement par quatre partenaires, dont l’Académie de Dunhuang et l’Institut de technologie de la mode de Beijing.

Sur le parcours du défilé qui serpentait autour des objets exposés, les mannequins évoluaient à pas lents et gracieux. Certains esquissaient des gestes qui rappelaient les danses ondulantes des apsaras volantes, ces danseuses et musiciennes célestes (Feitian en chinois), sur un fond musical qui pourrait évoquer les caravanes sillonnant dans le désert de Gobi.

Dunhuang, ville située au nord-ouest de la Chine, est une oasis au cœur des anciennes routes de la soie et ainsi un carrefour culturel et commercial. Elle abrite les grottes bouddhiques de Mogao, célèbres pour leurs peintures murales et sculptures bouddhiques remontant à une longue période allant à la Dynastie Tang aux Cinq Dynasties et des Dix Royaumes.

C’est en étudiant minutieusement ces peintures, qu’une équipe sous l’égide de Cui Yan a conçu les 25 costumes présentés pendant la soirée, pour chercher à restituer à la fois les tissus, les couleurs ou encore les motifs utilisés. De longues recherches sur les rituels bouddhistes de Dunhuang ont permis à l’équipe de reproduire, non seulement les costumes, mais l’ensemble de l’apparence des personnages représentés sur les peintures murales le plus fidèlement possible et dans les moindres détails, des souliers à pointe recourbée, aux coiffures, sans oublier le maquillage ornemental et les accessoires. C’était un travail de titan et un grand défi, selon Cui Yan.

Cette façon de puiser dans le passé a séduit Pascal Morand, président exécutif de la Fédération de la haute couture et de la mode. « La mode est sans limites. Et puis, il s’agit toujours de faire le lien entre le présent, l’histoire, l’héritage et le patrimoine. C’est très important. Ce qui m’a beaucoup plu, c’est aussi la renaissance de ce magnifique art bouddhique, parce que c’est un trésor de l’humanité, » a déclaré M. Morand.

Le Musée Guimet abrite l’une des plus importantes collections d’art asiatique au monde, dont des peintures et statues bouddhiques chinoises qui comprennent des peintures sur soie rapportées de Dunhuang par le Français Paul Pelliot. La saison chinoise va s’étaler sur toute l’année 2024 à Guimet.

Cette soirée est « une première mondiale », a affirmé Yannick Lintz, présidente de Guimet, estimant que la mode a tout à fait sa place au musée. « Je suis très heureuse de lier l’héritage du passé avec les œuvres de Dunhuang et la création contemporaine inspirée de cette culture ancienne. La mode fait partie de la création artistique contemporaine et c’est une manière de célébrer la culture chinoise contemporaine au musée », a-t-elle indiqué.

Sous le charme du défilé, Linda Amrouche, a partagé son émotion : « J’ai eu le sentiment de voyager, c’est exceptionnel. Les costumes étaient tellement beaux et à la fois avec la musique. » Cette cadre bancaire à l’élégance sophistiquée se verrait même porter certaines des tenues, mais aussi visiter Dunhuang. « C’est très travaillé, les cheveux, le maquillage, mais en tout cas, ça donne envie vraiment d’aller à l’origine voir ces fresques », a-t-elle ajouté. Fin